Transmutation d'un espace virtuel : le mythe de "l'e-révolution" en Tunisie

Abstract FRE

Faute de pouvoir s’approprier les espaces censés être publics, c’est en s’appropriant les réseaux sociaux au plus fort de la répression et plus particulièrement facebook, que les tunisiens ont trouvé un vecteur de circulation de l’information singulièrement efficace.

Un évènement qui aurait pu rester localisé et passer inaperçu a été transformé en un fait national, en un épisode international.

En effet, c’est un geste de désespoir, une auto-immolation qui a ouvert la voie à d’autres images encore plus traumatisantes de répression de manifestations donnant lieu à un partage dans la douleur et dans la peur.

Pendant que les télévisions nationales se muraient dans leur mutisme, facebook avec ses deux millions de comptes tunisiens a même pris le pas sur les bloggeurs et cyber-activistes.

Plus qu’une simple plateforme d’échange d’informations il a joué un rôle primordial dans la mobilisation sociale avant pendant et après la révolution.

Il a même été un espace cathartique virtuel à plusieurs occasions notamment lors des assassinats politiques qu’a connue la Tunisie.

Cet espace virtuel qui, souvent, s’est substitué au réel à nous en faire oublier les limites de l’un et de l’autre.

Cet espace qui a été investi pour une cause commune sans tenir compte des frontières géographiques, cet espace qui après avoir été rassembleur et fédérateur s’est transformé en une arène qui cristallise toutes les discordes, cet espace qui a aussi été un vecteur de contagion rapide à d’autres contrées comme la Lybie et l’Egypte n’est en fin de compte qu’une manifestation de la redéfinition des frontières matérielles, individuelles, sociales et culturelles.

Serions-nous face à un mythe de troisième de genre nouveau ?