Ngum a Jemea ou la foi inébranlable de Rudolf Dualla Manga Bell de David Mbanga Eyombwan : entre devoir de mémoire individuel, tribal et (trans)‎national

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Au rang des héros-martyrs de l’histoire du nationalisme camerounais anti-colonialiste, on peut mentionner, entre autres, Ruben Um Nyobe, Ernest Ouandié, Felix Moumié, Martin Paul Samba et Rudolf Dualla Manga Bell.

Cependant, le dramaturge camerounais David Mbanga Eyombwan a jeté son dévolu sur R.

D.

Manga Bell à travers l’écriture d’une pièce tragique à lui consacrée, rééditée et coéditée en 2017.

Cette pièce retrace les moments forts du parcours du roi Manga Bell.

Il fut jugé, condamné et pendu pour s’être radicalement et courageusement opposé au projet ségrégationniste et raciste d’expropriation terrienne du plateau Joss (à Douala), orchestré par l’administration allemande, à partir de 1910.

C’est un témoignage littéraire et posthume au titre long et évocateur : Ngum a Jemea ou la foi inébranlable de Rudolf Dualla Manga Bell.

Ce titre, thématique et hyperbolique, nous invite, de prime abord, à questionner le projet, mieux l’intention de l’auteur, en l’occurrence rendre hommage ou remplir son/le devoir de mémoire au personnage historique, apologisé et érigé en héros littéraire.

Cet article montre que Manga Bell a le mérite pour avoir marqué l’histoire du Cameroun, sous protectorat allemand (1884-1916), en tant que l’un des pionniers de la lutte anticoloniale.

Eyombwan, lui, a pris l’initiative de faire un théâtre-témoignage historique.

Il s’est servi de l’art dramatique comme un instrument de rappel et d’éveil de la conscience historique, afin de lutter contre l’oubli collectif.

Son engagement littéraire est sous-tendu par un esprit patriotique qui lui permet, par le biais de son oeuvre, de transcender la conscience individuelle d’abord, celle tribale ensuite pour parvenir enfin à la conscience (trans)nationale.