L'évolution de la figure du monstredans l'histoire de la pensée en France

Abstract FRE

Étudier les monstres c'est étudier l'Homme dans ses règles et ses exceptions.

Quand les monstres ont quitté les nues de la métaphysique, du fabuleux, de la théologie et de la morale et se sont vus consacrés une science des monstres: la tératologie, ce fut là le moment de la reconnaissance des déviances.

Mais même dans cette reconnaissance, c'est la loi du plus fort qui domine, on n'entend qu'une seule version des faits: celle racontée par les détenteurs du pouvoir, de tout pouvoir.

La question du monstrueux est de ce fait une question philosophique puisque la monstruosité interroge notre rapport à la laideur comme à l'atypique.

Les modèles des figures monstrueuses dans la littérature mettent en avant des hommes énigmatiques qui déconcertent les hommes dans leur découverte.

Les figures monstrueuses sont de ce fait diverses: elles peuvent être des hommes, des animaux, des plantes, des objets mais aussi des pratiques.

À l'ère industrielle, les machines transcendent la force du pouvoir et deviennent le cauchemar des ouvriers: la machine devient le monstre appréhendé jusqu'à l'époque capitaliste contemporaine.

Mais la machine a ses monstres: les marginaux et les démunis qui se trouvent incessamment roués entre les exigences de l'idole économique de notre ère.

Ils n'hésitent pas à briser cette machine; ainsi les rapports de force sont inversés cette fois-ci parce que le monstre – machine est un allié de la force du pouvoir capitaliste, économique et donc politique.