Langue de sang : langue d’amour

Author

Khadijah, Bin Ammar

Source

el-Khitab

Issue

Vol. 2013, Issue 16(s) (31 Dec. 2013), pp.97-112, 16 p.

Publisher

Université Mouloud Mammeri Laboratoire D'analyse du Discours

Publication Date

2013-12-31

Country of Publication

Algeria

No. of Pages

16

Main Subjects

Languages & Comparative Literature

Topics

Abstract FRE

Les écrivains Maghrébins d’expression française de l’époque postcoloniale ont tous, à des degrés différents, éprouvés un malaise vis- à-vis du français.

Il s’est instauré entre eux et leur langue d’écriture, un sentiment ambigu qui s’apparentait à un rapport de couple tant il était passionné.

C’était une histoire d’amour et de haine où les «je t’aime, moi non plus» fusaient, où coexistaient l’attirance et le rejet, la violence et le désir.

Ce sentiment paradoxal se traduisait dans l’écriture même de ces auteurs.

Ils pratiquaient une sorte de vengeance sur le corps de la langue.

Rien n’échappait à leur empreinte : la syntaxe, la linguistique, le mélange des genres… Tout était visité, voire «violenté».

Ainsi Kateb Yacine exerçait un terrorisme de la langue, Khair Eddine s’adonnait à une guérilla linguistique.

Ahmadou Kourouma n’hésitait pas à «casser du français», selon son expression favorite.

Ces écrivains pratiquaient une écriture subversive.

Ils tentaient d’infléchir la langue française pour restituer l’originalité de leur culture.

Rappelons que cette écriture était née dans un contexte d’urgence : en même temps qu’elle était une contestation contre la domination coloniale, elle était l’affirmation d’une identité propre, par le retour sur soi face à l’Autre.

D’autres auteurs, comme Senghor ont sublimé cette langue conquérante.

Elle est une déesse à qui les grands hommages sont rendus sans complexe quand il affirme qu’elle «est la langue des dieux» ; D’autres écrivains et penseurs en ont fait «un butin de paix».

Ghata Khoury s’est déclarée joyeusement «bigame» et Jamel Edinne Bencheikh a mené une vie d’extase en navigant dans le vaste territoire que ses deux langues lui offraient.

Qu’en était-il d’Assia Djebar et de son rapport à sa langue d’écriture ? Comme tout écrivain contraint de recourir à la langue de l’Autre, elle éprouvait un certain déchirement mais contrairement à ses homologues masculins, elle n’exerçait pas de violence sur le corps de la langue.

Faudraitil comprendre que cet exercice de la violence demeurait l’apanage des hommes ? Et que sa qualité de femme la conduisait vers une écriture mesurée ?

American Psychological Association (APA)

Khadijah, Bin Ammar. 2013. Langue de sang : langue d’amour. el-Khitab،Vol. 2013, no. 16(s), pp.97-112.
https://search.emarefa.net/detail/BIM-631732

Modern Language Association (MLA)

Khadijah, Bin Ammar. Langue de sang : langue d’amour. el-Khitab No. 16 (2013), pp.97-112.
https://search.emarefa.net/detail/BIM-631732

American Medical Association (AMA)

Khadijah, Bin Ammar. Langue de sang : langue d’amour. el-Khitab. 2013. Vol. 2013, no. 16(s), pp.97-112.
https://search.emarefa.net/detail/BIM-631732

Data Type

Journal Articles

Language

French

Notes

Includes bibliographical references : p. 111

Record ID

BIM-631732